Bonjour à tous, aujourd’hui on vous présente une sélection de livres d’un genre souvent mis de côté.
Aline
La littérature érotique est un genre à la fois bien à part et difficilement définissable, en ce sens que ce qui peut être considéré comme érotique varie considérablement selon le type de lectorat. « Lolita », de Vladimir Nabokov, par exemple, est souvent décrit comme un roman érotique mais de nombreux critiques le considèrent davantage comme un drame littéraire comportant des éléments érotiques.
Le livre érotique, un genre à part
Toutefois, et de manière générale, on considérera qu’un ouvrage répond à l’appellation »érotique » s’il traite des relations amoureuses humaines et, plus particulièrement, sous un aspect physique ayant le pouvoir d’éveiller le lecteur sur le plan sexuel. Il peut s’agir de travaux de fiction mais aussi de récits autobiographiques : romans, nouvelles et mémoires érotiques et manuels portant sur le sexe. La frontière entre fiction et non-fiction est souvent considérée comme ténue.
La fiction érotique est le label donné à la fiction traitant de thèmes ou sujets d’ordre sexuel, de manière généralement plus littéraire ou plus sérieuse que celle des magazines pornographiques, et comportant bien souvent des éléments de satire, de critique sociale ou morale.
La sexualité et ses représentations (signes du désir, actes sexuels mais aussi symboliques du désir et de l’amour) font partie intégrante de la littérature, et ne sont pas nécessairement confinées à un genre spécifiquement « érotique » ou «pornographique », ce qui en général est considéré comme équivalent même si l’érotisme et la pornographie sont, fondamentalement, deux genres bien différents : l’érotisme raconte plutôt le désir, souvent sur fond de romance, tandis que la pornographie raconte simplement les actes. Là encore, toutefois, la frontière est souvent tenue.L’érotisme comme faisant partie intégrante de la littérature est toutefois très discuté de nos jours, le livre érotique ayant clairement perdu des lettres de noblesse, avec une forte tendance à la pure pornographie.
Il est intéressant de noter que la littérature érotique a de tous temps existé, sans être pour autant victime de censure particulière,jusqu’à l’invention de l’imprimerie au XVè siècle. Dès lors, la circulation accrue de ce type d’ouvrages, jusque-là réservés à un petit nombre sous forme de manuscrits, s’est accompagnée de restrictions croissantes à l’encontre du caractère jugé obscène de ces publications par les autorités religieuses et les gouvernements. Une grande partie de la production d’ouvrages érotiques, souvent dédiée à des sujets considérés particulièrement tabous tels que le sadomasochisme et autres déviances sexuelles, est alors devenue clandestine.
Aujourd’hui, une production en masse d’ouvrages d’érotique destinée à un public bien ciblé limite souvent la créativité des auteurs et la capacité de cette littérature à traiter de sujets tabous et à bousculer les esprits comme cela a pu être le cas par le passé.
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Petite histoire de la littérature érotique
De nombreux poèmes érotiques de la Grèce et de Rome antiques sont parvenus jusqu’à nous : les poèmes de Sappho of Lesbos, notamment, dont le nom a traversé les âges comme symbole des amours exclusivement féminines ; »Le Satyricon », un ouvrage rempli de scènes de débauche telles que orgies ou relations sexuelles rituelles.
La littérature d’amour persane, a également produit, avec le célèbre « Livre de Bahram », l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature érotique, tandis que le Kama Sutra Indien n’est plus a présenter.
Le fameux « Decameron »,produit du XIVè siècle Italien, est resté outrancier pour beaucoup jusqu’à une époque encore récente :cinq siècles après sa publication, des copies du « Decameron » étaient encore confisquées et détruites par les autorités américaines et britanniques !
Les collections anglaises de vers érotiques du XVIIè et XVIIIè siècles en particulier, quant à elles, sont un exemple raffiné d’obscénité.
En France, le marquis de Sade raconte avec sa »Justine » l’histoire d’une jeune fille qui se lance dans une quête de la vertu et obligée, à maintes reprises, de se soumettre aux hommes qu’elle rencontre et de devenir une esclave sexuelle. Le terme même de « sadisme » est dérivé du nom du marquis de Sade.
Le terme de « masochisme » vient, lui, du célèbre écrivain Autrichien Sacher-Masoch, auteur de « La Vénus à la fourrure ». Dans ce roman, un homme s’éprend follement d’une femme, au point qu’il la supplie de l’acceptercomme esclave et de le traiter, tout au long de l’ouvrage, de manière de plusen plus humiliante et dégradante.
Avec des titres tels que « Phallus in Wonderland », « Fanny Hill » ou encore l’opéra comique « Lady Bumtickler’s Revels », sur le thème de la flagellation, les Anglais restent toutefois les maîtres de ce genre décadent jusqu’au XXè siècle.
La fiction érotique contemporaine est, quand à elle, en très grande partie attribuée à l’éveil sexuel et à la libération de la femme aux XXe et XXIe siècles, avec notamment « L’ histoire d’O » de Pauline Réage,une histoire de soumission féminine et un ouvrage poursuivi à l’époque pour obscénité.
L’émergence de la fiction lesbienne est aussi une autre tendance du XXe siècle, un sous-genre de la littérature érotique avec des titres comme »Le prix du sel » ou « Désert du cœur ». Bon nombre des auteurs de fictions érotiques lesbiennes étaient des femmes elles-mêmes, telles que Gale Wilhelm et Ann Bannon pour ne citer qu’elles. Le format d’ exploitation sexuelle des ouvrages gay à destination des homosexuels masculins emprunte lui-même à la littérature lesbienne contemporaine.
Le livre érotique aujourd’hui
De nos jours, la fiction érotique comprend de nombreux sous-genres. On trouve notamment au-devant de la scène la fantaisie érotique,qui emploie l’ érotisme dans un cadre fantastique, avec elle-même de nombreux sous-genres : le steampunk erotica,le roman érotique paranormal, le monster erotica, le conte de féeérotique…
La fantaisie érotique se retrouve également dans la « fanfiction », un genre qui utilise des personnages de fiction populaire tels que séries télévisées,films ou romans.
Le mommy porn, avec le désormais célèbre « 50 nuances deGrey », est quant à lui un sous-genre de la fiction érotique à consonance clairement péjorative. L’ouvrage, également labellisé « fantaisie sadomasochiste » était d’ailleurs à l’origine une fan fiction tirée d’une saga populaire pour adolescents, et adaptée ensuite à un publique plus adulte.
Le mashup érotique est également un sous-genre à part, proche de la fan fiction mais basée sur la reprise érotique de grands classiques.
La romance érotique, quant à elle, est un genre de roman relativement nouveau avec un thème érotique et des scènes d’amour très explicites. La romance reste toutefois au cœur de l’histoire.
Le livre érotique, éternel sous-genre ?
Le genre érotique reste toutefois très problématique aujourd’hui encore, mais pour des raisons bien différentes que par le passé. Pour que l’érotisme devienne un genre légitime, il faudrait commencer par le traiter comme tel et c’est loin d’être le cas, notamment avec la pléthore de fictions bon marché qui inonde le marché depuis « 50 nuances de Grey ». Des fictions érotiques explicites qui se concentrent principalement sur la titillation du lecteur,mais sans valeur littéraire intrinsèque.
Pour autant, si le marché de la fiction érotique est si florissant, c’est qu’il existe un vrai publique pour ce type de littérature. Il faudrait donc que davantage d’amoureux de l’érotique expriment fièrement leur amour du genre, afin que le livre érotique ne soit plus juste considéré comme »érotique » mais comme tout autre type de livre.
Il s’agit aussi ici de permettre aux auteurs de romans érotiques d’être partie prenante du monde littéraire et de pouvoir publier des œuvres de qualité pour lesquelles ils seraient rémunérés à leur juste valeur. En effet, la plus part des éditeurs aujourd’hui préfèrent publier l’érotique sous forme d’ebook, un format bien moins couteux et qui encourage à la production de contenus peu valorisés et bornés à une audience bien spécifique, ce qui en limite par nature la créativité. De nombreux auteurs traditionnels et auto-publiés utilisent, par ailleurs, un pseudonyme lorsqu’ils souhaitent écrire de la fiction érotique, ce qui démontre bien la stigmatisation du genre.
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